La galerie Xenithia-Nomade présente une exposition personnelle d'oeuvres de Jean-Marc Felzenszwalbe du 17 au 26 novembre 2022. Installées dans l'espace du 13 rue de Saintonge à Paris 3ème, deux séries dialogueront : l'une vient d'être réalisée par l'artiste et n'a jamais été montrée tandis que l'autre a déjà fait l'objet d'une exposition l'année passée, dans la maison natale de Michel-Ange.
Le choix a été fait de montrer trois tableaux de la série la plus récente (2022), tous trois verticaux et de mêmes dimensions, rectangulaires, avec pour seule forme visible un carré positionné à une hauteur différente. Entre les tableaux et au sein des tableaux, un jeu de nuances dans les tons rouges. Ces pastels secs, à l'apparente simplicité de composition, adressent comme un clin d'oeil aux expériences de Ligeti et à sa Musica Ricercata. Simplicité trompeuse…
Jouxtant ces trois tableaux verticaux, cinq tableaux horizontaux extraits de la série des Horizons, au format allongé et qui datent de 2020/2021. Sur le carton se côtoient deux couleurs pour former une frontière entre des demi-plans imaginaires. Encore des rouges, mais aussi du bleu, du marron, du gris, du vert, du blanc…
Le rouge des trois pastels verticaux frappe l'oeil, occupe la surface et déborde sur l'espace environnant. Sensation de chaleur au caractère légèrement oppressant, envahissant, malgré l'aspect délicat et intime du pigment sec. Ces rouges se répondent les uns aux autres, comme si une violence sous-jacente nous effleurait sans pour autant révéler explicitement sa nature.
Présence indirecte, souvenir du passé, évocation de l'absence ? Le jeu des interprétations est toujours hasardeux… Nous ressentons comme un souffle léger qui fait osciller ce carré d'un tableau à un autre. Pourtant on ne voit au travers de cette percée que du néant, si tant est que le néant soit l'absence des vivants, des choses qui nous sont familières et de ce qui les met en relations.
Autre perspective que celle de cette série des Horizons. Son format inhabituel nous interpelle et le titre choisi rend hommage au désir bien compréhensible de vouloir nommer concrètement ce que l'on voit. Il n'y a pas de forme dans cette série : rien ne se révèle au premier plan, rien ne se manifeste dans le lointain. Est-ce bien un horizon? Le carré des pastels verticaux était-il d'ailleurs bien un carré ? Fiction du langage qui a besoin de nommer ce que nous voyons, de se raccrocher à des formes connues. Hormis les pastels rouges, les couleurs évoquent l'automne, voire l'hiver. La séparation entre les deux zones colorées n'est matérialisée par aucun trait, comme si cette ligne horizontale ne départageait pas un ciel et une terre, mais plutôt deux nuées immatérielles, voisines mais toujours séparées.
Une citation sans doute apocryphe de Morandi dit la chose suivante : "Je ne peins pas des bouteilles, mais l'air qu'il y a autour." Dans ces pastels présentés à l'occasion de cette exposition, il ne subsiste que l'air, ses mouvements et variations colorées.
Exposition du 17 au 26 novembre 2022 à Paris, 13 rue de Saintonge.
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